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Notre-Dame de la Légion d'Honneur
Soutiens et témoignages (1)


Lettres et témoignages recueillis par l'abbé Massonneau (1858)

Tout au long des années qu'il a en grande partie consacrées à la construction de "son" église, l'abbé Massonneau a su garder traces de ses réflexions et des des témoignages qu'ont suscité son appel.
Il a rassemblé le tout dans un livret :

Les membres de la Légion d’Honneur à leur collègue Monsieur Massonneau, curé de Longué
(Maine et Loire)

imprimé en 1858, imprimerie de Lainé frères, rue Saint Laud, Angers


L’abbé Justin Massonneau
  commence ce livret en rappelant la situation dramatique dans laquelle il se trouvait après la terrible  inondation de la Loire du 4 juin 1856 :
 
« Je l’avoue, je sentis un instant mon  courage faiblir, et en jetant les yeux sur les travaux commencés, et sur les engagements que j’avais pris, j’étais effrayé d’un avenir qui m’apparaissait sous les couleurs les plus sombres.
Néanmoins, puisque Dieu m’avait gardé au milieu des dangers personnels que j’avais courus pendant l’épouvantable  journée du 5 juin 1856, devais-je désespérer de sa bonté et de sa puissance ?
L’Eglise, d’ailleurs, n’était-elle pas son œuvre plus que la mienne ? »


Appel aux congrégations religieuses

Encouragé par ces réflexions Justin Massonneau sollicita, dans un premier temps, avec l’appui de son évêque, l’aide de ses confrères prêtres et de congrégations religieuses.
Les réponses qu’il reçut furent pour lui précieuses.
Elles lui permirent de reprendre l’édification des murs de son  église. 

Voici l’une de ces lettres :

Bien cher confrère,

Que peut faire un curé dont l’église est sur le point de tomber, pour son confrère dont l’église est en construction ?
Lui envoyer le denier de la veuve en attendant qu’il tende lui-même la main à la charité de ses confrères.

J’ai honte de vous envoyer si peu ; mais à l’impossible nul n’est tenu.
J’espère que vous voudrez bien me tenir compte devant Dieu de ma bonne volonté, et le prier de me donner quelques moyens de réparer  ma vieille église, avant qu’on l’interdise.

Croyez, cher confrère, aux vives sympathies de votre tout dévoué ...




Reconnaissance de l'Etat

Mais l’achèvement de l’église, la couverture, la pose de vitraux restaient  à faire.
Justin Massonneau poursuit ainsi son propos :
 
« La providence sembla me ménager une ressource à la quelle j’étais loin de m’attendre. Le 18 avril 1857, je recevais de M. le Ministre des Cultes, la lettre suivante : »

Monsieur le Curé,

Depuis longtemps déjà votre belle conduite pendant les inondations qui ont ravagé le département de Maine-et-Loire, m’avait été signalée.
J’ai été heureux de me trouver à même d’appeler l’attention de l’Empereur sur le dévouement dont vous avez fait preuve dans ces tristes circonstances.
Sa Majesté, qui a voulu par son exemple encourager les hommes de cœur à lutter contre les calamités publiques, ne pouvait manquer, Monsieur le Curé, d’apprécier les services que vous avez rendus aux inondés ; par décret de ce jour, elle a daigné vous accorder une récompense tout exceptionnelle, en vous nommant Chevalier de l’ordre de la Légion d’Honneur ; je me félicite d’avoir pu m’associer à ce témoignage de sa haute bienveillance.

Et je vous prie de recevoir, Monsieur le Curé, l’assurance de ma considération très distinguée,

Le Ministre de l’instruction publique et des Cultes,
ROULAND



Appel aux Légionnaires militaires

« Un jour, en présence de notre Seigneur, je réfléchissais sur les moyens auxquels je pourrais avoir recours pour compléter le temple que nous étions parvenus, avec tant de peine, à élever à sa gloire ; et voilà qu’il me vint à la pensée de faire appel à tous ceux dont j’étais devenu le collègue en ruban rouge.
    Cette idée une fois impliquée dans mon esprit ne put en sortir.
Il me semblait à chaque instant qu’une voix intérieure me poussait en disant : "Aie courage, marche".
Accoutumé  à me laisser guider par la providence, je suivis de nouveau son impulsion, et pour ainsi dire sous sa dictée j’écrivis la circulaire suivante,  uniquement pour des militaires : »
 

Lettre envoyée par M le Curé Massonneau à ses collègues militaires
(les premières lettres furent postées le 18 juin 1857)


M,

C’est un collègue qui s’adresse à vous avec confiance.
Il n’est pas militaire, il est vrai, il est prêtre ; mais vous savez que la charité a aussi ses champs de bataille qui ne sont pas sans périls, et c’est ce genre de combat qui lui a valu l’honneur d’être décoré comme vous de la croix de la Légion d’Honneur.

Pourquoi vous écrit-il ?
Pour une bonne œuvre.
Ce mot va tout droit au cœur du soldat.
Malheureusement, allez-vous me dire, la bourse du militaire n’est pas toujours bien garnie ; je le sais, la mienne l’est encore moins ; aussi je ne vous demande qu’un léger sacrifice, 2 Fr., 3Fr. moins ou plus, en un mandat sur la poste, ou même en timbres-poste, et je serai content.

Quelle est donc cette bonne œuvre à laquelle vous voulez le faire contribuer ?
Il s’agit d’une église neuve destinée à remplacer celle qui nous sert actuellement et que l’autorité à condamnée comme irréparable et ignoble.
L’inondation de juin 1856 a couvert pendant deux mois, les deux tiers de notre commune.
Nous n’étions pas riches auparavant, nous sommes devenus encore plus pauvres ; néanmoins, grâce au concours du gouvernement et des âmes charitables, nous avons pu continuer nos travaux.
Les murs sont prêts à recevoir la charpente, mais nous sommes à bout de ressources…

Faut-il se décourager ?
Fi donc ! se décourager, c’est un mot qui n’est pas plus connu du prêtre que du soldat français ; mais à quelle porte frapper ?
Ah ! Je n’hésite pas un instant, je fais appel à tous les militaires décorés de la croix de la Légion d’Honneur. 
Et je sollicite de leur charité le paiement des vitraux de notre église.
N’est-il pas vrai que pas un seul ne voudra refuser son concours ?
J’en suis tellement persuadé que déjà le marché est fait.
Nos vitraux couteront 10.400 fr.

Une plaque placée à l’entrée de l’église annoncera que les vitraux ont été offerts par les militaires membres de la Légion d’Honneur à leur collègue M. Massonneau, curé de Longué.

J’ajouterai encore, pour exciter davantage votre générosité, que pendant cinquante ans, la première messe  du dimanche sera célébrée pour les bienfaiteurs vivants ou morts de notre église.

Recevez d’avance l’hommage de ma vive reconnaissance et agréez le respect profond avec lequel
je suis
Votre très-humble serviteur et collègue
J.  Massonneau
Curé de Longué (Maine-et-Loire),
chevalier de la Légion d’Honneur




Les témoignages

« Le 18 juin 1857, je mettais à la poste un certain nombre de ces lettres pour voir l’effet qu’elles produiraient.
Dès le 20 juin, je recevais des réponses admirables qui n’étaient que le prélude d’une correspondance dont je conserve précieusement les autographes comme le monument le plus honorable pour l’armée.
Il est impossible de rendre les émotions de joie et de bonheur que j’éprouvais en recevant chaque jour le courrier.
Cette émotion sera partagée, je n’en doute pas, par ceux qui liront cette notice »
 

Nous reprenons quelques unes de ces lettres :

Monsieur le Curé,

Je m’empresse de vous adresser ci-joint un mandat de la somme de dix francs.
Père de famille et n’ayant que mes appointements pour toute fortune, je regrette de ne pouvoir répondre plus généreusement à votre loyal appel.
Soyez donc assez bon pour ne voir, dans mon modeste envoi, qu’une preuve de mes sympathies pour vous et votre œuvre si méritoire.
Veuillez agréer, Monsieur le Curé, l’assurance de mes sentiments respectueux et bien dévoués.

Un commandant de gendarmerie



Monsieur le Curé,

Je m’empresse de vous adresser ci-joint un mandat de la somme de dix francs.
Père de famille et n’ayant que mes appointements pour toute fortune, je regrette de ne pouvoir répondre plus généreusement à votre loyal appel.
Soyez donc assez bon pour ne voir, dans mon modeste envoi, qu’une preuve de mes sympathies pour vous et votre œuvre si méritoire.
Veuillez agréer, Monsieur le Curé, l’assurance de mes sentiments respectueux et bien dévoués.

Un commandant de gendarmerie



Monsieur le Curé,

C’est un vieux soldat d’Afrique et de Crimée qui se fait un plaisir de vous envoyer sa petite offrande. Le jour même où il a reçu votre lettre, Dieu lui envoyait un enfant.
Je serais heureux qu’un homme de cœur comme vous fît des vœux pour sa réussite, Dieu ne pourrait qu’exaucer vos prières.

Un Capitaine commandant de lanciers.



Monsieur le Curé,

Lorsque vous nous avez fait l’honneur de vous adresser votre première lettre, nous étions en pleine inspection générale ; les occupations incessantes qui résultaient pour nous de cette circonstance ont seules pu nous empêcher de répondre à votre confiant appel, que la plus part d’entre nous avaient cordialement accueilli ; aussi votre seconde lettre fut le signal instantané d’une collecte facile, puisqu’elle était préparée de longue date.

Notre offrande est bien au-dessous de ce que nous aurions voulu pouvoir faire ; nous le regrettons sincèrement, mais vous comprendrez notre position précaire ; car, outre que nous nous trouvons dans le cas général de l’officier, qui est de ne pas nager dans les richesses, nous avons été obligés de faire une bien forte dépense pour remonter notre tenue en rentrant de Crimée, d’où nous revenions sans le sou, mais en revanche couverts de gloire, comme on le disait, vêtement qui malheureusement ne suffit pas.

A la lecture de la liste ci-dessous, vous verrez, monsieur le curé, que vos collègues de la Légion d’Honneur ne sont pas les seuls, qui au bataillon de chasseurs à pied, aient voulu contribuer à l’œuvre que vous avez entreprise, et que plusieurs autres officiers sont venus avec empressement joindre leur obole à la leur.

Puisse ce témoignage de sympathie resserrer les liens d’amitié qui nous unissent naturellement ; car ainsi que vous l’écrit monseigneur l’évêque d’Angers, le prêtre et le soldat sont frères.
Nous remercions votre préfet d’avoir constaté ce rapprochement, qui  est aussi vrai que possible.
Oui, ils sont réellement frères, frères par la bonté du cœur, frères par l’abnégation, frères par la pauvreté, frères aussi par ce sublime dévouement que l’on nomme martyr ; car de même qu’aux premiers siècles de l’église, les serviteurs du Christ, animés par l’esprit divin, marchaient avec bonheur au trépas, et qu’aujourd’hui encore de pieux missionnaires font le sacrifice de leur vie, pour aller porter notre religion et la civilisation dans des contrées barbares, de même aussi dans les temps anciens comme à l’époque moderne, on voit le soldat, à l’appel du pays, voler à la mort, heureux et fier ; les premiers sont martyrs de leur religion, le second l’est de son amour de la patrie.

Vous nous promettez une place dans vos prières ; nous vous en demandons une aussi pour d’autres, jadis nos chers compagnons, aujourd’hui couchés froids sous la terre étrangère, et qui certes eussent répondu comme nous à votre appel.
Nous voulons parler de ces pauvres enfants de la France, morts au champ d’honneur de la Crimée, et sur la tombe de qui personne n’ira prier.

L’officier délégué par ses camarades pour vous faire l‘envoi de leur offrande




Monsieur le Curé,

Je viens de recevoir votre seconde prière ; j’ai mes occupations tout comme un autre, et je pourrais peut-être les prétexter pour excuser mon oubli de la première ; j’aime mieux le confesser humblement à un bon prêtre en m’imposant moi-même la pénitence.

Je comptais vous envoyer cinq francs pour votre œuvre pieuse ; je vous en envoie dix et je trouve que c’est trop peu.

Agréez,…
Un capitaine de frégate


Monsieur le Curé,

Entre un vénérable prêtre qui brave les flots pour secourir ses semblables et des militaires qui meurent sur un champ de bataille pour défendre leur drapeau, l’ordre et la patrie, il doit exister  une grande sympathie, et du jour où ils s’associent à une bonne œuvre, ils sont réellement collègues.

Acceptez donc, Monsieur et cher collègue, l’offrande de M le colonel du….. de ligne et la mienne.
                                   
Un chef de bataillon



Cher et digne collègue,

Je m’empresse de répondre à votre appel si plein de sympathique charité, et de vous adresser mon  offrande pour l’œuvre de pieuse réédification que vous avez entreprise.

Je prie le légionnaire d’accepter avec indulgence et cordialité cette modique offrande, et je remercie le prêtre du fond du cœur de m’avoir donné l’occasion de contribuer à une bonne œuvre.

Agréez, cher et digne collègue, l’assurance de ma respectueuse considération.

                                    Le lieutenant-colonel  D…



Monsieur le Curé,

Je m’empresse de répondre à votre appel.
Cette confraternité que vous établissez avec confiance entre le prêtre et le soldat est de toute vérité.

L’un et l’autre se dévouent à la mère commune, la patrie.
Les inondations, la guerre viennent de prouver que dans ces circonstances terribles, la robe du prêtre s’associait toujours à l’uniforme du soldat.

La modeste offrande que je vous envoie, proportionnée à la faiblesse de ma bourse, prouvera encore cette confraternité !!!
   
Adieu, Monsieur le curé, tout à vous de cœur, votre vieux camarade,
Le Général…
 


Monsieur le Curé,

Vous trouverez sous ce pli la modeste offrande que je vous adresse, en ma double qualité de vieux chrétien et de nouveau chevalier ; veuillez me pardonner de n’avoir pas répondu plus promptement à votre appel, et me traiter comme les ouvriers de la parabole, qui, pour être arrivés tardivement à la vigne, n’en ont pas moins reçu leur récompense.

Agréez, Monsieur et cher collègue, l’assurance de tout mon dévouement.
Un major de hussards



Monsieur et cher collègue,

Vos démarches sont si louables que je regrette de n’avoir pas répondu à votre premier appel.
Je suis bien excusable, car lorsque votre première lettre m’est parvenue, j’étais à Paris auprès de mon fils qui était en danger de mort.
Aussitôt votre lettre lue, j’ai promis mon offrande, et Dieu a sauvé mon fils.

Votre appel me vaut une bonne action que Dieu a récompensée avant qu’elle ne fut faite.
Merci donc !

Veuillez agréer, etc…
Un capitaine (infanterie)
 


Monsieur et cher collègue,

Je m’empresse de répondre à votre appel  franc et loyal en faveur de votre nouvelle église.
Je suis heureux d’apporter ma pierre, ma cheville ou mon ardoise à ce pieux édifice que je sais particulièrement cher aux braves gens de Maine-et-Loire.

Je joins donc à ma réponse ma faible obole que vous trouverez ci-incluse.
Je vous prie de l’accueillir avec indulgence et cette charité ardente qui vous fait entreprendre et réaliser ce qui est bien et bon, malgré les obstacles et la faiblesse des moyens mis à votre disposition.

Rien de bon n’est impossible à qui veut.
Vous le prouvez.
   
Je me recommande à vos prières qui doivent être écoutées de Celui qui aime les cœurs francs et courageux que rien ne décourage.
   
Je vous prie, Monsieur et cher collègue, d’agréer l’assurance de mes sentiments respectueux et sympathiques.
Le colonel de gendarmerie, comte D….



Monsieur et ami,

C’est une pensée heureuse que vous avez eue de vous adresser aux soldats pour l’accomplissement d’une bonne action, vous nous trouverez toujours sur ce terrain.

Je vous remercie pour mon compte de m’avoir appelé à cette coopération, et me félicite qu’une bonne œuvre me mette en rapport avec vous.

Agréez,….
Le capitaine de gendarmerie…..
 


Monsieur le curé,

Je vous félicite de frapper aussi doucement à toutes les portes amies, nul ne pourra vous refuser de l’entrouvrir,

Recevez, je vous prie, ….
Le général….



Monsieur,

Errare humanum est !  (se tromper est chose humaine)

En voyant sur l’Annuaire  presque tous mes camarades avant et après moi, décorés de l’étoile de l’honneur, vous avez pensé que c’était par suite d’une erreur que mon nom n’avait rien à côté de lui.

Pardon, Monsieur, c’est vous-même qui êtes dans l’erreur.
Aussi en recevant tout à l’heure une lettre qui m’était adressée avec une qualification qui ne m’appartient pas, ai-je pensé d’abord que je devais me mettre en dehors d’une œuvre à l’accomplissement de laquelle vous n’aviez l’intention de ne convier que des chevaliers de la Légion d’Honneur ; mais comme après tout, cette qualité, si Dieu me prête vie, ne peut manquer de m’advenir un jour, c’est en qualité de chevalier en expectative que je me joins à des camarades qui ne me renieront pas.

Aussi, acceptez cette modeste offrande qui est le denier d’un père de famille qui ne veut pas laisser sans réponse votre aimable lettre
Un capitaine d’artillerie
 


Monsieur le curé,

L’école de cavalerie, toujours animée des meilleurs sentiments, ne pouvait manquer de répondre à votre appel, et si notre offrande n’est pas aussi conséquente que nous l’aurions désiré, c’est que nos bourses sont loin d’être à la hauteur de notre générosité.

Vous verrez, Monsieur le curé, par l’état ci-joint, que les militaires de tous grades ont voulu concourir à cette souscription, et c’est là ce qui me semble en faire le plus grand mérite, attendu que c’est surtout l’intention qui, aux yeux du souverain Maître, donne le prix à nos actions.

Le Général commandant l’école de Saumur
La liste jointe portait 317 souscripteurs



Monsieur le curé,

Vous faites appel à vos collègues les membres de la Légion d’honneur, pour qu’ils vous viennent en aide dans l’œuvre que votre zèle a entrepris.

N’ayant pas l’honneur d’être chevaliers, nous sommes trois pauvres soldats ayant aussi bonne envie de donner notre offrande ; elle est faible, il est vrai, mais nous savons d’avance que vous accepterez aussi bien quelques journées  de solde de  trois militaires que l’or des riches ; nous avons donc l’honneur de vous prier d’accepter le mandat ci-joint.

A cette offrande que nous vous faisons, nous joignons aussi le remerciement d’être compris dans le nombre de ceux pour qui vous prierez….

Nous terminons donc, Monsieur le curé, en vous offrant nos salutations respectueuses.

Vous trouverez ci-joint un timbre poste pour nous adresser une de vos circulaires, afin que nous la communiquions à nos camarades.
Trois sous-officiers (cuirassiers)



Monsieur le curé,

Le médecin militaire sait trop par expérience ce qu’est la vie d’abnégation et de dévouement pour ne pas l’apprécier chez les autres.

J’ai vu de près en Orient l’admirable conduite de vos collègues, avec plusieurs desquels je me suis trouvé souvent dans de bien tristes moments.
Je garderai  un profond souvenir de gratitude à ces courageux soldats de la religion ; aussi me voyez-vous enchanté de montrer en cette circonstance, par l’envoi de ma modeste offrande, la haute estime que j’ai pour eux et pour vous.

Agréez, Monsieur le curé, les sentiments respectueux de votre tout dévoué collègue.

Médecin-major (dragons)
 




Appel aux Légionnaires civils


Dans un deuxième temps, l'abbé Justin Massonneau écrivit une circulaire aux légionnaires civils, du moins à ceux dont il avait pu obtenir  l’adresse.
Elle reprenait les idées exprimées dans celle adressée aux militaires.

Voici quelques unes des réponses reçues.

Monsieur et honoré collègue,


Je me fais un devoir de répondre à votre appel.
Vous ne pesez pas l’offrande, mais vous bénissez le cœur qui la donne.
Accueillez donc mon modeste mandat ; je suis presque honteux d’acquérir, pour si peu, un droit à vos prières.

Recevez l’hommage de mon respect.
Un maire   (département de l’Oise)



Monsieur le curé,

Votre idée de recourir à vos collègues en ruban rouge, dans les circonstances où vous vous trouvez, est on ne peut plus heureuse ; elle développera les sentiments de bienveillance et de confraternité qui doivent régner entre tous ceux que rapproche une même distinction.
Je m’y associe volontiers, en vous envoyant ci-joint un bon sur la poste de…
   
Agréez…..
Le Baron…………..   (Troyes)
 



Monsieur le curé,

Je m’empresse de vous adresser ma faible offrande en regrettant que les charges charitables qui me sont imposées ne me permettent pas de faire davantage.

Le prêtre et le médecin s’unissent bien souvent au chevet de nos pauvres semblables frappés par la souffrance ; je vous remercie d’avoir pensé à cette union en me fournissant l’occasion de m’associer à vous, pour mener à bonne fin l’œuvre sainte que vous avez entreprise.

Veuillez agréer, Monsieur le curé et excellent collègue, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.
Un docteur-médecin   (Var)



Monsieur le curé,

J’applaudis de tout mon cœur à la noble et ingénieuse idée que vous avez eue de faire appel à tous vos collègues de la Légion d’Honneur  pour compléter la construction de votre église.

Je vous remercie d’avoir bien voulu ne pas m’oublier, et je m’empresse de vous envoyer ma petite offrande.
   
J’ai l’honneur d’être, avec un profond respect, votre très humble serviteur et dévoué  confrère.

Un Sénateur



Monsieur le curé,

Chaque fois que l’honneur appellera l’honneur à son aide, il y aura de l’écho dans notre belle patrie.

Je vous présenterais ma bourse ouverte que vous ne pourriez y prendre guère plus que ce que je vous adresse.

A vous de cœur mon cher collègue.
Un Juge de paix
 



Monsieur le curé et cher collègue,

Je ne me croirais pas digne de porter le ruban qui nous est commun, si je ne répondais pas à l’appel que vous m’adressez.
Je m’empresse donc de vous envoyer ma légère offrande, en l’accompagnant des meilleurs vœux pour le succès de l’œuvre que vous poursuivez.

Veuillez agréer, Monsieur et cher collègue, l’assurance de mes sentiments les plus distingués.
Un  Ingénieur en chef des ponts-et-chaussées, (Paris) 



Monsieur le curé,

Je m’empresse de répondre à votre appel, et j’ai l’honneur de vous adresser sous ce pli, en un mandat sur la poste, ma modeste offrande de 20frcs.

Je suis heureux de m’associer pour ma faible part à l’œuvre que Dieu vous a inspirée et je vous remercie d’avoir eu confiance en mes vives sympathies.

Et d’ailleurs Notre Seigneur Jésus-Christ n’a-t-il pas dit : demandez et vous recevrez, frappez et il vous sera ouvert, douces et touchantes paroles qu’un bon chrétien doit comprendre et mettre en pratique.
Le maire du ***arrondissement (Paris)



Monsieur le curé,

J’ai reçu l’intéressant appel que vous faites à tous les légionnaires pour l’achèvement de l’église dont vous avez entrepris la construction, et je m’estime heureux de pouvoir contribuer à cette bonne œuvre ;  je vous adresse à cet effet un bon sur la poste de 10 francs.

Je vous remercie pour mon compte de votre bonne pensée ; le cœur qui bat dans la poitrine où brille l’étoile des braves ne peut que s’associer à l’élan noble et généreux que Dieu même vous a inspiré.

Encore une fois, je suis bien aise de pouvoir, de l’extrémité de la Corse, vous envoyer ma faible offrande, et ce jour, soyez en certain, est pour moi tout aussi satisfaisant que celui où Napoléon Ier me faisait décorer sur le champ de bataille, parce qu’il me donne l’occasion de songer que notre devise, honneur et patrie, n’est pas un vain mot.
Un Sous-Préfet, ancien lieutenant-colonel (Corse)



Monsieur le curé,

J’ai l’honneur de vous adresser, ci-joint, en un mandat sur la poste, la somme de 77 fr., produit de la réunion en mes mains des dons faits par les personnes dont les noms se trouvent mentionnés ci-après, qui, répondant à l’appel si touchant que vous leur avez adressé, n’ont pas voulu se montrer insensibles à une œuvre si digne d’intérêt, et par le but que vous vous proposez, et par le zèle admirable avec lequel vous le poursuivez.

Agréez ……
Un président de chambre,
au nom des membres de la Légion d’Honneur
d’une cour impériale (Bas-Rhin)


Monsieur et cher collègue,

Comme membre de la Légion d’Honneur, j’ai été très aise d’entendre votre appel pour la construction d’une église qui fera date dans les annales de l’ordre.

Assurément, Monsieur le curé, je devrais être excité à vous adresser mon offrande par la seule pensée qu’elle me vaudra des prières dans le nouveau temple que vous élevez à la gloire de Dieu ; mais je vous avoue que j’y suis encore déterminé par votre idée d’invoquer le concours de tous vos collègues en ruban rouge, idée qui est un puissant stimulant pour moi.

J’ai, en conséquence, l’honneur de vous adresser un mandat de 20 fr. sur la poste, vous priant de bien vouloir agréer…
Un Conseiller de la cour impériale
(Seine Inférieure)



Monsieur le curé et cher collègue,

Nommé comme vous, chevalier de la Légion d’Honneur, pour services rendus pendant l’inondation de 1856, je me rends de tout cœur à l’appel que vous faites à mes sentiments de collègue et de chrétien.
  
Mon offrande est bien modique, mais vous ferez comme le bon Dieu , vous l’accueillerez avec la même bonté qu’il accueille l’obole du pauvre.

Si jamais il m’envoie de la fortune, je fais vœu de ne pas oublier l’église de Longué, monument de votre charité.
Un Sous Préfet


Monsieur le curé et cher collègue,

Votre inspiration a été la bonne ; votre lettre, pleine de simplicité, de franchise et de candeur, va au cœur.
Je fais des vœux bien sincères pour  le succès de votre œuvre et je serais heureux de visiter le bon pasteur et son  église, si le hasard m’appelait dans vos parages.

Recevez ma modeste offrande, je regrette qu’elle soit assez mince pour tenir dans cette lettre.

Un notaire (Paris) 



Monsieur le curé et cher collègue,

Permettez moi aussi de vous donner ce nom.
Je ne saurais trop vous féliciter de l’ingénieuse idée que vous avez  eue  de vous adresser à tous les membres composant la glorieuse cohorte de la Légion d’Honneur, pour vous venir en aide dans la construction de votre église.
Je me fais un véritable bonheur de m’associer à tous ceux qui ont pu répondre à votre noble appel.

Si la providence me conduit quelque jour, moi ou quelqu’un des miens, dans votre contrée, nous éprouverons assurément une joie toute particulière à prier sous ces voûtes, à l’érection desquelles nous aurons contribué imperceptiblement, il est vrai, au point de vue matériel, mais de tout cœur au point de vue de la gloire de Dieu et de l’honneur de son digne ministre, dont le souvenir devra se perpétuer aussi longtemps que le monument érigé par ses apostoliques efforts.

Agréez……
Un Président de tribunal
(Aisne)



Monsieur et cher collègue,

Comme chrétien et chevalier de la Légion d’Honneur, je suis doublement heureux de m’associer à cette bonne œuvre.
Je n’ai qu’un regret, c’est celui de ne pouvoir faire plus.

Recevez donc, mon cher collègue, le denier du père de famille, qui, avec sa femme et ses huit enfants, demande au bon curé de Longué sa bénédiction, et le prie d’agréer l’hommage de son profond respect.
Un cultivateur   (Nord)



Monsieur le curé,

J’ai l’honneur de vous adresser ci-inclus en un mandat à vue, sur Saumur, la somme de 80 fr.
C’est l’offrande des négociants et banquiers, dont les noms suivent.
Nous applaudissons tous quatre au projet que vous avez conçu, et nous vous prions d’en recevoir nos félicitations.
St Quentin (Aisne)


Ce ne sont là que quelques unes des lettres que l’abbé Justin Massonneau publia dans son livret publié en 1858.
Il reprenait alors ainsi son propos :
« Qu’il me soit permis, du moins, de répéter à tous nos bienfaiteurs ce que mon cœur a dit tant de fois : merci, merci, et pour le concours que vous avez bien voulu donner à mon œuvre, et pour les bonnes et touchantes paroles qui accompagnaient votre offrande. » 



Notre Dame de la Légion d'Honneur

Et, après avoir décrit son projet, pour lequel il obtenait à nouveau l’entier soutien et les félicitations de Monseigneur Angebault, évêque d’Angers, il concluait ainsi son livret :

« Notre église est placée sous l’invocation de la très sainte Vierge ; eh bien ! les offrandes généreuses des membres de la Légion d’Honneur consacreront pour elle ce nom glorieux que déjà plusieurs lui ont donné de Notre Dame de la Légion d’Honneur. » 


Association Notre Dame de la Légion d'Honneur - mis à jour le 25/02/14
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