Les détails techniques figurant dans cette page ont été fournis par M. Louis Raimbault, organiste de Notre Dame de la Légion d'Honneur au moment de la reconstruction de l'instrument.
Il a lui même été un des membres fondateurs de l'Association et a participé activement à cette restauration.
En survolant les images avec votre souris, vous pouvez les visualiser en taille réelle
Lors de sa construction en 1860, la
nouvelle église ne possédait pas d'orgue.
Celui-ci ne sera installé qu'en 1893. On peut considérer que c'est là la dernière grande réalisation du curé de Longué pour sa paroisse, puisqu'il décédera quelques mois plus tard, le jour de la Pentecôte 1894.
Il est l’œuvre du facteur nantais Louis Debierre, moderne pour l'époque, puisqu'il disposait des techniques nouvellement brevetées par son constructeur concernant la transmission électro-pneumatique.
Dans ce genre d'instrument, les claviers n'agissent pas directement sur les tuyaux de l'orgue. La liaison se fait par l'intermédiaire de contacts électriques et d'électro-aimants dont la puissance est
amplifiée par un système de soupapes pneumatiques.
Les tirages de jeux bénéficiaient de la même technologie.
Contrairement aux claviers à mécanique suspendue, la console peut donc être facilement déportée. Elle se situait en avant de l'instrument, l'organiste faisant face à l'autel.
Côté jeux, l'instrument était assez classique.
La composition, tout à fait dans le goût "fin XIXe" en faisait surtout un bon instrument d'accompagnement mais son "Tutti" sonnait encore assez bien les jours de fête, grâce à ses anches (Basson - Trompette
- Clairon).
Il était composé de douze jeux sans caractéristiques bien particulières, hormis une batterie d'anches assez fournie au Récit.
Le Pédalier ne possédait pas de jeux spécifiques et se jouait donc en tirasse permanente.
On relevait l'absence d'un Prestant au Grand-Orgue, qui servait par contre de Flûte au Récit.
D'excellente facture, tant du point de vue sommiers que tuyauterie, l'orgue assura son service plus de quatre-vingt ans sans réparation.
Mais peu à peu, l'usure et l'oxydation l'avaient rendu quasiment injouable.
Les fils d'acier des ressorts devenaient cassants et plusieurs nécessitaient d'être remplacés.
Les conducteurs électriques fabriqués à cette époque ne sont que de simples fils de cuivre entourés d'une fine enveloppe de papier torsadé ou de tissu. Avec le temps et l'humidité, ces matériaux n'étaient plus en mesure d'assurer leur pouvoir isolant, et les courts-circuits et les ruptures étaient fréquents, nécessitant à chaque fois des réparations de fortune.
Un premier devis avait été fourni par l'entreprise Beuchet-Debierre pour une rénovation à l'identique de l'instrument. Mais la paroisse n'avait pas les moyens de financer cette opération.
Quant à la commune, - propriétaire de l'édifice depuis la loi de séparation des Eglises et de l'Etat (loi de 1905) - elle procédait en ce moment à la réfection totale de la toiture et ne pouvait pas non plus participer au
projet.
Une étude approfondie fut demandée à André Isoir, qui enseignait alors l'orgue à Angers en parallèle avec sa carrière d'interprète.
Le résultat de l'expertise fut sans appel : il fallait tout changer.
Le projet proposait de conserver le buffet, les tuyaux, mais de construire un instrument d'esthétique sonore résolument différente, en traction mécanique cette fois pour mieux résister dans le temps.
Un jeune facteur d'orgue d'Angers, Philippe Emeriau, fut contacté pour réaliser le projet, supervisé de bout en bout par André Isoir.
Il restait à trouver le financement (220 à 250 000 francs pour la première tranche).
Tout comme l'abbé Massonneau en son temps, il fut décidé de faire appel à la générosité :
- celle des paroissiens, tout d'abord, sous la forme d'une souscription, avec des bons remboursables sous 5 ans,
- également au niveau national, par un appel aux Légionnaires qui renouvelleraient ainsi le geste de leurs prédécesseurs.
C'est pour s'assurer de la légalité des toutes ces démarches que fut créée l'Association des Amis de Notre Dame de la Légion d'Honneur.
Le démontage de l'orgue commença en juillet 1978.
Toutes les pièces furent transportées à l'atelier du facteur d'orgue pour être au maximum réutilisées dans le nouvel instrument.
Après plus d'un an de travaux, on put à nouveau entendre quelques jeux "sonner" pour les fêtes de Noël 1979. L'inauguration de l'instrument complet eut lieu le 28 septembre 1980, à l'occasion de la célébration du 120e
anniversaire de l'église.
Il était alors composé de 18 jeux (2 claviers + pédalier) avec une harmonisation de type "légèrement inégal".
Cette première tranche de travaux, entièrement financée par les fonds récoltés par l'Association (dons et souscription), aura finalement coûté plus de 300 0000 francs.
Une seconde tranche d'un coût de 600 000 francs, a été entreprise en 1987.
Elle a permis de porter l'instrument à 27 jeux, et d'améliorer sa palette et son volume sonore.
A la suite de cet enrichissement, l'orgue se présente de la manière suivante :
GRAND ORGUE | (56 notes) | POSITIF | (56 notes) | PEDALE | (30 notes) |
Montre | 8' | Bourdon | 8' | Bourdon | 16' |
Bourdon | 8' | Quintadine | 8' | Flûte conique | 8' |
Prestant |
4' |
Gemshorn |
4' |
Choral-Basse |
4' |
Flûte |
4' |
Quarte |
2' |
Quinte |
10/2/3 |
Doublette |
2' |
Nazard |
2 2/3 |
Basson |
16' |
Plein-Jeu |
V-VI rangs |
Tierce |
1 3/5 |
Trompette |
8' |
Trompette |
8' |
Larigot |
1 1/3 |
||
Clairon |
4' |
Cymbale |
III rangs |
||
Cornet (dessus) |
5 rangs | Musette |
8' |
Au total donc, 24 jeux réels
- Tremblant doux sur les claviers manuels.
- Tirasses : Pédale/Grand Orgue - Pédale/Positif
- Accouplement : Grand Orgue/Positif
Les claviers manuels et le clavier de Pédale sont sur les vents différents.
- Pression au Grand-Orgue et au Positif : 80 mm
- Pression à la Pédale : 110 mm.
Le nombre de tuyaux est de 1790.
Fondamentalement,
l'esthétique s'appuie donc sur une conception authentiquement française : on a gratté les dents des biseaux, baissé les bouches en fonction du changement de pression, toutes les entailles anciennes ont été ressoudées et tous les
tuyaux, à l'exception de ceux de la façade, ont été coupés exactement sur leur ton.
Il faut aussi souligner l'apport de jeux de mutation détaillés, le soin apporté dans l'équilibre et la brillance du Plenum, l'assise majestueuse de la Pédale avec la Quinte qui donne la résultante de 32 pieds..., mais tout ceci avec le souci d'une ouverture vers la littérature classique allemande (Bach, Buxtehude...).
Ne dit-on pas que l'instrument a un côté "nordique" tout à fait séduisant ?
L'adjonction d'une Trompette de Pédale, si elle assoit encore de façon plus satisfaisante l'édifice sonore, permet aussi en particulier de jouer dans leur caractère original les Pleins-Jeux français.
L'ensemble donne une sonorité qui satisfait les plus exigeants : le Plenum sonne admirablement et les jeux de détail permettent de bien agréables inventions.
En résumé, un orgue qu'on a bien du plaisir à jouer... et à écouter !
automne 1977
Constitution de l'association pour le financement de la rénovation de l'orgue.
juillet 1978
Dépose des tuyaux et de la mécanique existantte ; seul le buffet est conservé.
Avant le démontage, Louis Raimbault, organiste de la paroisse, effectue un enregistrement des morceaux les plus aptes à mettre en valeur l'ancien instrument.
automne 1979
Remontage de l'instrument.
Les premiers jeux parlent pour les fêtes de Noël.
28 septembre 1980
Inauguration des orgues rénovées par André ISOIR, sous la présidence de Mgr Orchamps.
A l'issue de la cérémonie, le général de Boissieu, grand Chancelier de la Légion d'Honneur, remet à l'église de Longué la Croix dont il avait été décoré par le général de Gaulle.
15 mars 1981
Concert de chorales : ensemble choral de l'arboretum (Angers), Chorale de l'école de musique de Challans, Jean Michel DIEUAIDE, organiste à Paris.
16 mai 1981
Concert d'orgue : André Chauvin, titulaire des orgues du prytanée militaire de La Flèche.
10 octobre 1981
Concert d'orgue : Pierre Boumard, premier prix d'orgue du Conservatoire National d'Angers.
avril 1982
Concert des trois chorales : Longué (Arpèges), Noyant, Durtal.
8 mai 1982
Trompette et orgue : Aldo Zanotti (trompette) et Gérard Forestier (orgue).