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Notre-Dame de la Légion d'Honneur
Jacques-Gabriel Gallais


Parmi les personnalités remarquables de Longué figure celle de Jacques-Gabriel Gallais.
Les épisodes de sa vie relatés ci-dessous sont inspirés des pages annexes du livre de  Charles Baussan sur Notre Dame de la Légion d'Honneur.


Les premières années

Jacques-Gabriel Gallais Jacques-Gabriel Gallais est né à Longue le 17 avril 1754.
Il passe son enfance dans l'une des deux maisons familiales que son père Charles Gallais, notaire royal, possédait non loin de l'église ND de Thenais.

Il entre au Grand Séminaire d'Angers en 1776.
Devenu prêtre, il est d'abord envoyé à Avignon pour enseigner la théologie, et y obtient le grade de docteur.
Mais sa santé défaillante l'oblige à revenir en Anjou (sans doute à Longué).

Sa santé rétablie, il est appelé à Paris par le supérieur de la Congrégation de St Sulpice. Celui-ci avait remarqué ses ses qualités lors de sa formation au séminaire d'Angers, et lui confie la fonction d'économe de la Communauté des Robertins.
Il s’acquitte si bien de sa tâche qu'en 1787 il succède au supérieur le la communauté à la mort de celui-ci.

Comment se présentait Jacques-Gabriel Gallais ?
Au premier abord, disent les contemporains, sa grande taille et son aspect un peu sévère en imposaient ; on sentait une volonté ferme.
Mais sa bonté se découvrait rapidement et lui gagnait l'estime et l'affection de ses élèves.
On rapporte également qu'à ses qualités d'esprit et à ses connaissances théologiques il joignait un don d'organisation assez remarquable.



La révolution

Députés en séance La révolution a amené à Paris beaucoup de représentants provinciaux, qui devaient trouver à se nourrir et à se loger.


En 1790, c'est la fête de la fédération. Beaucoup de députés de province sont à la recherche d'un logement.
JG Gallais est chargé d'accueillir ceux qui s'adressent à St Sulpice et "de leur donner tout ce qui leur serait nécessaire pour laisser de l'accueil un bon souvenir".


Le 11 août 1792, les ecclésiastiques qui ont refusé de prêter serment à la Constitution sont regroupés dans l'église des Carmes (aujourd'hui Institut Catholique de Paris).
Jacques-Gabriel Gallais est arrêté le 16 août et y est incarcéré le 17.
Il y retrouve des prêtres et des religieux de toutes les familles spirituelles et des représentants de la hiérarchie : un archevêque, deux évêques, des curés, des diacres et même un acolyte.
C'est là, que pendant deux semaines, tous ces prêtres se préparent au martyre.


Le martyre

  Députés en séanceLe 2 septembre commencent les journées de massacre dans les différentes prisons de Paris. La semaine qui suit est connue dans l'histoire sous le nom de massacres de septembre (Paris ne fut pas la seule ville concernée par ces tueries).
Plusieurs récits existent pour relater ces événements.
De nombreux sites internet - de valeur très inégale - sont également dédiés en tout ou en partie à ces journées.

Deux bandes se dirigeaient vers les Carmes, l'une arrivait de l'église St-Sulpice, où l'assemblée générale de la section venait de voter l'exécution des prisonniers, l'autre sortait de l'abbaye de Saint-Germain, où les massacres étaient déjà commencés.

Entrant dans le jardin des Carmes, ces hommes excités rencontrent des prêtres en prière.
C'est aussitôt la plus brutale des tueries.
Jacques-Gabriel Gallais tente d'escalader le mur du jardin pour échapper aux poursuites de ses assassins, mais n'y parvient pas.
Ordre est alors donné à ceux qui échappent au premier acte de cette tragédie de rentrer à l'église, à laquelle on accède par un escalier et un corridor.
Dans cet étroit couloir s'installe le tribunal révolutionnaire, devant lequel deux à deux les prisonniers sont appelés.
On s'assure de leur identité et de leur refus de prêter serment.
A peine ont-ils répondu qu'ils franchissent le seuil du vestibule donnant sur le jardin, ils sont alors abattus et frappés à mort.

Députés en séanceJacques-Gabriel Gallais fera preuve en ses derniers moments du plus surprenant sang-froid.
A son arrivée aux Carmes, plusieurs prêtres lui avaient confié les fonctions d'économe et détenteur des fonds de la communauté.
Il tient à ne pas mourir sans avoir arrêté ses comptes et payé ses dettes :
"Voici, dit-il au commissaire, quand arrive son tour, 325 livres dues au traiteur qui nous apportait nos repas. Veuillez les lui remettre."
Déposant ensuite sur la table, sa montre et son portefeuille, il ajouta :
"Ceci est ma propriété personnelle ; ma famille n'ayant aucun besoin de ma succession, et se trouvant d'ailleurs fort éloignée de Paris, je vous prie de tout employer au soulagement des pauvres".
Puis il se fait tuer.

Le massacre avait duré quatre heures.
Des tombereaux emportèrent 190 cadavres.
L'escalier faisant communiquer la chapelle avec le jardin, là où eurent lieu la plupart de ces exécutions sommaires, est de nos jours marqué d'une plaque portant l'inscription Hic ceciderunt (Ici ils tombèrent) pour rappeler la tragédie.

Comme le centurion au pied du Calvaire ("Vraiment, il était le Fils de Dieu"), ou le soldat anglais au pied du bûcher de Jeanne d'Arc ("Nous avons brûlé une sainte"), la vérité se trouvera un avocat inattendu : il s'agit du commissaire de la section, Violette, qui dira quelques jours plus tard : "Je n'y comprends rien, ces prêtres allaient à la mort avec autant de joie que s'ils fussent allés à la noce".
Ce fut le premier, le plus court, mais peut-être le plus beau panégyrique des martyrs du 2 septembre 1792.



La béatification

Dès les massacres connus, les fidèles considèrent les victimes comme des martyrs et recueillent leurs reliques, même au péril de leur vie.
Tout au long du XIXe siècle, elles sont considérées dans leurs paroisses comme martyrs de la foi et honorés comme telles.
Plaques, statues, vitraux, leur sont consacrés.

En 1901, sous l’impulsion de Monseigneur Richard, Archevêque de Paris, la procédure de béatification est mise en route.
Le 16 janvier 1916 Benoît XV signe l’introduction de la Cause.
Le 1er octobre 1926 paraît le décret de Pie XI qui décide de la béatification ; la cérémonie aura lieu le 17 octobre.

DECRET PONTIFICAL
Sur le Martyre des Victimes de septembre 1792

Rome 1er Octobre 1926
Fête de saint Rémy, évêque de Reims

On ne pourra jamais assez déplorer ce noir et misérable fléau qui, à la fin du XVIII° siècle, caché sous le nom mensongeur de philosophie, avait perverti les esprits et corrompu les mœurs, et rempli avant tout la France de meurtres et de ruines.
L’âme est émue d’horreur au souvenir des inexprimables spectacles de cruauté et de barbarie qu’exhibèrent, pendant la révolution française, des hommes impies et scélérats, à peine dignes de ce nom d’hommes : les temples sacrés dépeuplés, les signes sacrés de la religion catholique violés, des évêques, des prêtres, de pieux laïques immolés arbitrairement, pour avoir refusé de prononcer une formule de serment décrétée par la puissance laïque et ouvertement opposée aux droits de l’Eglise, à la liberté de la conscience, ou pour s’être montrés moins bienveillants envers ces nouvelles institutions politiques.

Parmi tant de prêtres illustres et de chrétiens remarquables, qui durant cette noire tempête furent livrés à la mort, brille certes au premier rang cette insigne légion d’hommes, qui, à Paris, au mois de septembre 1792 furent immolés avec une souveraine injustice et une infâme barbarie.
213 d’entre eux ont paru digne d’être décorés comme de courageux soldats du Christ de l’honneur que l’Eglise a l’habitude de décerner à ses martyrs, et la cause de leur martyre a été déférée au Siège Apostolique.
Leur mort fut exécutée au lieu même où ils étaient gardés prisonniers, c’est-à-dire au Couvent des Carmes pour 110 dont les noms suivent fidèlement transcrits[...]
77 furent massacrés au Séminaire Saint-Firmin, savoir [...]
23 serviteurs de Dieu parmi les prisonniers écroués à la prison de l’Abbaye Saint-Germain[...]
3 également dans la prison appelée La Force [...].

Les listes judiciaires établies et examinées devant le tribunal ecclésiastique de Paris par l’Autorité et de l’Ordinaire et du Siège Apostolique, sur le martyre et la cause du martyre, et les signes ou miracles, et leur forme légitime approuvée, une Congrégation Antépréparatoire fut tenue dans la demeure du Révérendissime Cardinal Vincent Vannutelli, Ponent de la Cause, le 23 octobre 1923 : il y fut traité du martyre, de la cause du martyre et des signes ou miracles de tous ces serviteurs de Dieu.
L’Assemblée Préparatoire fut convoquée deux années après au Vatican dans la Salle des Congrégations le 15 novembre.

Cette année courante, le 13 juillet, les Comices Généraux ont été célébrés devant Notre Très Saint-Père le Pape Pie XI : Le Cardinal Vannutelli y proposa à la discussion le doute suivant :
“Conste-t-il du martyre, de la cause du martyre, et des signes ou miracles des susnommés 213 Serviteurs de Dieu ? »
Les suffrages des Révérendissimes Cardinaux et des Pères Consulteurs furent écoutés avec attention par le Très Saint Père ; il différa cependant l’expression de son sentiment ; il fut d’avis qu’il fallait prier Dieu et implorer une plus grande abondance de lumière divine dans une affaire si grave.

Lorsque, tout bien pesé dans un examen mûr et sérieux, il fut décidé d’ouvrir sa pensée, il désigna ce jour présent où l’on célèbre le souvenir solennel de Saint-Rémy, évêque de Reims ; et, après avoir très dévotement offert l’Hostie de la Paix, il commanda d’appeler les Révérendissimes Cardinaux Antoine Vico, Evêque de Porto et de Sainte-Rufine, Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, et Vincent Vannutelli, Evêque d’Ostie et de Préneste, Doyen du Sacré Collège et Ponent de la Cause, avec le R.P. Charles Salotti, Promoteur Général de la Foi, et moi Secrétaire soussigné, et séant sur le trône Pontifical, il édicta par un décret solennel :
« Il est assez constant du martyre et de la Cause du Martyre de 191 des Vénérables Serviteurs de Dieu énumérés ci-dessus, pour qu’on puisse procéder aux formalités suivantes dans le cas et à l’effet dont il s’agit ; quant aux autres 22 différés et que les preuves soient fortifiées. »[...]

Et il ordonna que le décret soit de droit public et inséré dans les Actes de la Sacrée Congrégation des Rites, le jour des Kalendes d’Octobre de l’année 1926

A.Card. VICO
Portuen et S.Rufine, S.R.C. Prefectus
Angelus Mariani, S.R.C. Secretariu






Longué honore son martyr

Le 28 août 1927, Longué honore son martyr en présence de Mgr Rumeau, évêque d'Angers.


Portrait JG Gallais



Plaque JG Gallais


Pour commémorer le bicentenaire

de la mort de JG Gallais, une plaque a été apposée sur le mur du transept gauche de l'église.








Clocher

En 1996, un vitrail, oeuvre de Mme Mireille Juteau, maître verrier, est posé dans la nef, près de l'entrée gauche de l'église.

JG Gallais
y est représenté dans sa partie gauche, tandis que la droite reproduit le perron des Carmes au pied duquel la plupart des victimes du 2 septembre furent massacrées.





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Association Notre Dame de la Légion d'Honneur - mis à jour le 08/09/14
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