La révolution a amené à Paris beaucoup de représentants provinciaux, qui devaient trouver à se nourrir et à se loger.
Le 11 août 1792, les ecclésiastiques qui ont refusé de prêter serment à la Constitution sont regroupés dans l'église des Carmes (aujourd'hui Institut Catholique de Paris).
Jacques-Gabriel Gallais est arrêté le 16 août et y est incarcéré le 17.
Il y retrouve des prêtres et des religieux de toutes les familles spirituelles et des représentants de la hiérarchie : un archevêque, deux évêques, des curés, des diacres et même un acolyte.
C'est là, que pendant deux semaines, tous ces prêtres se préparent au martyre.
Le
2 septembre commencent les journées de massacre dans les différentes prisons de Paris. La semaine qui suit est connue dans l'histoire sous le nom de massacres
de septembre (Paris ne fut pas la seule ville concernée par ces tueries).
Plusieurs récits existent pour relater ces événements.
De nombreux sites internet - de valeur très inégale - sont également dédiés en tout ou en partie à ces journées.
Deux bandes se dirigeaient vers les Carmes, l'une arrivait de l'église St-Sulpice, où l'assemblée générale de la section venait de voter l'exécution des prisonniers, l'autre sortait de l'abbaye de Saint-Germain, où les massacres étaient déjà commencés.
Entrant dans le jardin des Carmes, ces hommes excités rencontrent des prêtres en prière.
C'est aussitôt la plus brutale des tueries.
Jacques-Gabriel Gallais tente d'escalader le mur du jardin pour échapper aux poursuites de ses assassins, mais n'y parvient pas.
Ordre est alors donné à ceux qui échappent au premier acte de cette tragédie de rentrer à l'église, à laquelle on accède par un escalier et un corridor.
Dans cet étroit couloir s'installe le tribunal révolutionnaire, devant lequel deux à deux les prisonniers sont appelés.
On s'assure de leur identité et de leur refus de prêter serment.
A peine ont-ils répondu qu'ils franchissent le seuil du vestibule donnant sur le jardin, ils sont alors abattus et frappés à mort.
Jacques-Gabriel Gallais fera preuve
en ses derniers moments du plus surprenant sang-froid.
A son arrivée aux Carmes, plusieurs prêtres lui avaient confié les fonctions d'économe et détenteur des fonds de la communauté.
Il tient à ne pas mourir sans avoir arrêté ses comptes et payé ses dettes :
"Voici, dit-il au commissaire, quand arrive son tour, 325 livres dues au traiteur qui nous apportait nos repas. Veuillez les lui remettre."
Déposant ensuite sur la table, sa montre et son portefeuille, il ajouta :
"Ceci est ma propriété personnelle ; ma famille n'ayant aucun besoin de ma succession, et se trouvant d'ailleurs fort éloignée de Paris, je vous prie de tout employer au soulagement des pauvres".
Puis il se fait tuer.
Le massacre avait duré quatre heures.
Des tombereaux emportèrent 190 cadavres.
L'escalier faisant communiquer la chapelle avec le jardin, là où eurent lieu la plupart de ces exécutions sommaires, est de nos jours marqué d'une plaque portant l'inscription Hic ceciderunt (Ici
ils tombèrent) pour rappeler la tragédie.
Comme le centurion au pied du Calvaire ("Vraiment, il était le Fils de Dieu"), ou le soldat anglais au pied du bûcher de Jeanne d'Arc ("Nous avons brûlé une sainte"), la vérité se trouvera un avocat
inattendu : il s'agit du commissaire de la section, Violette, qui dira quelques jours plus tard : "Je n'y comprends rien, ces prêtres allaient à la mort avec autant de joie que s'ils fussent allés
à la noce".
Ce fut le premier, le plus court, mais peut-être le plus beau panégyrique des martyrs du 2 septembre 1792.
Dès les massacres connus, les fidèles considèrent les victimes comme des martyrs et recueillent leurs reliques, même au péril de leur vie.
Tout au long du XIXe siècle, elles sont considérées dans leurs paroisses comme martyrs de la foi et honorés comme telles.
Plaques, statues, vitraux, leur sont consacrés.
En 1901, sous l’impulsion de Monseigneur Richard, Archevêque de Paris, la procédure de béatification est mise en route.
Le 16 janvier 1916 Benoît XV signe l’introduction de la Cause.
Le 1er octobre 1926 paraît le décret de Pie XI qui décide de la béatification ; la cérémonie aura lieu le 17 octobre.
DECRET PONTIFICAL Rome 1er Octobre 1926 On ne pourra jamais assez déplorer ce noir et misérable fléau qui, à la fin du XVIII° siècle, caché sous le nom mensongeur de philosophie, avait perverti les esprits et corrompu les mœurs, et rempli avant tout la France
de meurtres et de ruines. Parmi tant de prêtres illustres et de chrétiens remarquables, qui durant cette noire tempête furent livrés à la mort, brille certes au premier rang cette insigne légion d’hommes,
qui, à Paris, au mois de septembre 1792 furent immolés avec une souveraine injustice et une infâme barbarie. Les listes judiciaires établies et examinées devant le tribunal ecclésiastique de Paris par l’Autorité et de l’Ordinaire et du Siège Apostolique, sur le martyre et la cause du martyre, et les signes ou miracles, et leur
forme légitime approuvée, une Congrégation Antépréparatoire fut tenue dans la demeure du Révérendissime Cardinal Vincent Vannutelli, Ponent de la Cause, le 23 octobre 1923 : il y fut traité du martyre, de la cause du
martyre et des signes ou miracles de tous ces serviteurs de Dieu. Cette année courante, le 13 juillet, les Comices Généraux ont été célébrés devant Notre Très Saint-Père le Pape Pie XI : Le Cardinal Vannutelli y proposa à la discussion le doute suivant : Lorsque, tout bien pesé dans un examen mûr et sérieux, il fut décidé d’ouvrir sa pensée, il désigna ce jour présent où l’on célèbre le souvenir solennel de Saint-Rémy, évêque de Reims ; et, après avoir très dévotement
offert l’Hostie de la Paix, il commanda d’appeler les Révérendissimes Cardinaux Antoine Vico, Evêque de Porto et de Sainte-Rufine, Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, et Vincent Vannutelli, Evêque d’Ostie et de
Préneste, Doyen du Sacré Collège et Ponent de la Cause, avec le R.P. Charles Salotti, Promoteur Général de la Foi, et moi Secrétaire soussigné, et séant sur le trône Pontifical, il édicta par un décret solennel : Et il ordonna que le décret soit de droit public et inséré dans les Actes de la Sacrée Congrégation des Rites, le jour des Kalendes d’Octobre de l’année 1926 A.Card. VICO |
Le 28 août 1927, Longué honore son martyr en présence de Mgr Rumeau, évêque d'Angers.
Pour commémorer le bicentenaire
de la mort de JG Gallais, une plaque a été apposée sur le mur du transept gauche de l'église.
En 1996, un vitrail, oeuvre de Mme Mireille Juteau, maître verrier, est posé dans la nef, près de l'entrée gauche de l'église.
JG Gallais y est représenté dans sa partie gauche, tandis que la droite reproduit le perron des Carmes au pied duquel la plupart des victimes du 2 septembre furent massacrées.